Oui. Il faut considérer un écu comme un empilage de couches, que l'on doit énumérer de la plus lointaine à la plus proche de l'observateur. Pour un écu "simple", on commence toujours par la couleur du champ, puis par le meuble (motif) le plus important, généralement centré dans l'écu, auquel on attribut à minima une couleur. On énumère ensuite les motifs "chargeant" (posés sur) le motif principal, puis ceux "accompagnant" (posés à côté) celui-ci. On finit toujours par le chef et/ou la bordure.
Lorsque l'on décrit un motif, on s'efforce de respect l'ordre suivant: le motif, ses attributs d'une même couleur et ladite couleur, les attributs d'une couleur différentes et les couleurs associées, les charges (avec leurs attributs, couleurs, leurs propres charges et compagnies), les compagnies (avec leurs attributs, couleurs, leurs propres charges et compagnies), la position et la disposition.
Cependant cela relève plus de la convention que d'une règle intangible. Vous pourrez donc rencontrer des cas différents qui pourront être pris en charge par Heraldys.
Lorsqu'il y a partition de l'écu, il est recommandé de la nommer en premier ("écartelé d'argent et de gueule"). Pour un blason simple (c'est à dire avec des quartiers pleins ou avec un motif dans chaque quartier), on peut aussi préciser la partition entre la description des quartiers ("d'argent écartelé de gueule"). Cependant, pour les blasons plus complexes, il est préférable de numéroter les quartiers (écartelé, aux 1 et 4 de.... aux 2 et 3 de...).
La "numérotation" peut utiliser les chiffres arabes ou romains, les lettres majuscules ou minuscules, seuls ou suivis d'un point, d'une virgule ou d'une parenthèse fermante. Mais la méthode choisie doit être la même pour une partition donnée. ce qui pourra donner: parti, au I écartelé aux 1 et 4 de ...; aux 2 et 3 de...; au II coupé, a) de... b) de...
L'expertise de Laurent Hablot, Directeur d'étude - Conférence d'emblématique occidentale - EPHE-PSL
Comme son nom l’indique le « parti » est une partition du champ de l’écu. Il divise sa surface en 2 verticalement.
Une armoirie initiale (« prototype ») peut d’ailleurs être constituée par un parti. Théoriquement, dans ce cas, la règle des couleurs ne s’applique pas. Par exemple, « parti d’or et d’argent » est possible.
Cette partition sert aussi à associer deux armoiries distinctes qui seront figurées dans chacun des « quartiers » (fig. 1)
L’héraldique donne la possibilité, avec le mi-parti, de ne représenter les armes associées que pour moitié, ce qui produit une sorte de fusion des deux armoiries qui reconstituent, ainsi associées, un nouveau dessin. Initialement ce type de combinaison permet d’associer les armes d’un nouvel adoubé et de son parrain en chevalerie (fin XIIe) puis s’applique (deb. XIIIe s.) aux couples ou aux titulaires d’offices.
Les armoiries mi-parties se blasonnent intégralement, c’est seulement la mention du « mi-parti » énoncé en tête de phrase qui détermine si ces armoiries ne seront figurées que pour moitié : la moitié dextre de la première à dextre, la moitié senestre de la seconde à senestre.(fig. 2)
Le blason a également imaginé, dans les figurations d’armoiries parties, les solutions du mi-parti/parti ou du parti/mi-parti, conduisant à représenter une des deux armoiries entière, l’autre pour moitié. Cette inégalité de traitement peut être motivée pour des raisons hiérarchiques (préséance donnée à l’armoirie figurée « pleine ») ou esthétiques (quand l’armoirie coupée horizontalement devient illisible, la moitié arrière d’un lion par exemple).
Le blasonnement énonce donc la solution pour chacune des partitions (fig. 3 et fig. 4):
| fig. 1 | fig. 2 | fig. 3 | fig. 4 |
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| parti d’azur à trois fleur-de-lis d’or et de gueules au château d’or | mi-parti d’azur à trois fleur-de-lis d’or et de gueules au château d’or | mi-parti d’azur à trois lis d’or et parti de gueules au château d’or - Alias : mi-parti parti d’azur à trois lis d’or et de gueules au château d’or | Parti d’azur à trois lis d’or et mi-parti de gueules au château d’or - Alias : Parti mi-parti d’azur à trois lis d’or et de gueules au château d’or |
Dans les partitions d’écartelé, le mi-parti de deux écartelés entraîne souvent une correction de la seconde partition. Celle-ci se résumera à sa partie dextre et non sa partie senestre. Cette pratique permet de conserver la hiérarchie interne de l’armoirie qui distribue en 1 et 4 l’armoirie la plus « importante ». Presque tous les écartelés mi-parti figurés au Moyen-Âge respectent ce principe.
Mise en œuvre dans Heraldys
Heraldys reconnaît les mi-partitions dès lors que celles-ci sont déclarées au début desdites partitions. Les mots clés sont ainsi :
• mi-parti ou mi-coupé
• parti mi-parti ou coupé mi-coupé
• mi-parti parti ou mi-coupé coupé
exemples :
✅ mi-parti parti d’azur à trois fleur-de-lis d’or et de gueules au château d’or
❌ mi-parti d’azur à trois fleur-de-lis d’or et parti de gueules au château d’or
Cette structure autorise aussi les énumérés (mi-parti parti au 1 …. au 2 …).
En revanche, Heraldys n'est pas en mesure d'appliquer la règle médiévale des mi-partis d'écartelé. Il conviendra donc de blasonner en détail le parti senestre avec les éléments dextre du blason à mi-partir.
Par ailleurs les expressions mi-parti et mi-coupé ont été utilisées par certains auteurs pour définir la partition de l'écu en 3 parties inégales.
Il n'y a ici, aucune notion de « fusion » des armes, et il s'agirait donc d'un abus de langage. Cependant nous avons choisi de les traiter avec Heraldys car ils sont encore décrits dans certains traités d'héraldiques modernes, et présents dans plusieurs armoriaux du XIX°. Il s'agit des partitions suivantes :
| Coupé mi-parti | Mi-coupé parti | Mi-parti coupé | Parti mi-coupé |
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De la même manière, ces mots-clés ne sont correctement traités que si les 2 termes sont consécutifs et non séparés par une partie du blasonnement :
✅ coupé mi-parti d’azur, de gueules et d’or
❌coupé d’azur mi-parti de gueules et d’or
Oh que oui ! Ce qui peut paraître absurde, lorsqu'il s'agit de blasons du XIV° au XVIII° siècle, période pendant laquelle l'orthograhe était des plus fantaisiste. Cependant:
• Nous avons enrichi les dictionnaires avec un maximum de formes orthographiques. A titre d'exemple, la couleur rouge, peut se dire gueule, gueules, gueulle ou encore goule. Mais, malgré tous nos efforts, il est difficile de garantir des dictionnaires exhaustifs.
• L'analyse des blasonnements complexes, avec plusieurs meubles accompagnés ou chargés de un ou plusieurs autres meubles, rendent nécessaires les contrôles du genre et du nombre.
• Il y a souvent des oublis ou inversions de lettres.
C'est pourquoi il est parfois nécessaire de corriger l'orthographe de certains blasonnements.
Il arrive que l'on ne souhaite pas voir appliquée une partie du blasonnement ou que cette partie empêche l'interprétation du reste de la description.On souhaite donc passer outre cette partie.
Dans ce cas, il suffit de mettre la partie à ignorer entre crochets. Par exemple:
"De France à la cotice de gueules, brochant sur le tout, parti [de Preaux , qui est] de gueules à l'aigle d'or". La partie entre crochets empêche l'interprétation du blasonnement. En l'ignorant, le blason est correctement dessiné.
OUI ! mis à part quelques rares cas de motifs auxquels des couleurs par défaut on pu être définies (une tête de maure est par défaut noire avec un ruban blanc, si rien n'est précisé), tout motif doit obligatoirement avoir une couleur. Il est très fréquent qu'un blason ne soit pas ou mal interprété car il manque une couleur associée à un motif ou à un attribut.
Il se peut aussi que l'association soit incomplète. Par exemple, "échiqueté d'argent" n'est pas traité car un échiqueté a toujours 2 couleurs.
Pour heraldys, sont des couleurs:
• les métaux: or, argent
• les émaux: azur, gueules, pourpre, sable, sinople
• les fourrures: hermine, contre-hermine, vair, menu-vair...
Par ailleurs, heraldys traite informatiquement comme une couleur unique, l'expression constituée de 2 couleurs et d'une sécante-partition (ou rabattement) ou d'un semis, comme, par exemple:
•"d'or à la fasce bandée d'azur, d'argent et de gueule"
•"d'azur au lion échiqueté d'argent et de gueule"
•"d'or au lion de gueules au chef d'azur semé de fleurs de lys d'or
Quand plusieurs motifs ont la même couleur, on peut le préciser avec l'expression "le tout" suivi de la couleur: "d'azur à une fasce accompagnée en pointe d'une roue de 8 rais, le tout d'or". Si 2 motifs de même couleur se suivent, on peut préciser "du même" pour le deuxième motif: "d'azur à une fasce d'or accompagnée en pointe d'une roue de 8 rais du même".
Une couleur peut aussi être rappelée par son ordre d'apparition dans le blasonnement: "d'or à une fasce d'azur chargée de trois roses du premier et accompagnée de 3 lionceaux du deuxième."
Il n'y a, en théorie, aucune limite au nombre de couleurs associées à toute sécante partition, si tant est que la structure même de cette sécante partition le permet.
Pour rappel, une sécante partition (ou rabattement : fascé, palé, bandé, échiqueté, papelonné, componné, etc.) nécessite l'alternance de couleurs : Si une seule couleur est associée, la sécante partition ne sera pas dessinée. Si plus de 2 couleurs sont énumérées alors que la sécante partition n'en accepte que 2 (papelonné, endenté...), seules les deux premières seront prises en compte.
Pour que l'énumération des couleurs soit correctement traitée, les deux dernières couleurs doivent être séparées par "et" : bandé d'argent, de gueules, d'argent, de sable, d'or et de sable.
Enfin, Heraldys ne sais pas traiter, à ce jour, les sécantes partitions chargées, telles que "fascé d'azur à une étoile d'or et d'or à une rose d'azur".
Il arrive que l'observateur ne puisse reconnaitre le meuble lui-même ou la couleur d'un meuble. Cela se traduit par des blasonnements de type: "d'or au chevron de ... accompagné de trois ... de gueules. L'absence d'association motif-couleur ne permet pas à Heraldys d'interpréter ce blasonnement.
Si l'on veut obtenir malgré tout un écu, il convient de reformuler le blasonnement avec:
• "(meuble inconnu)" ou plus simplement "(meuble)"
• "(couleur inconnue)" ou plus simplement "(couleur)"
Dans notre exemple, le blasonnement deviendrait: "d'or au chevron de (couleur) accompagné de trois (meubles) de gueules".
Sur l'écu généré par Heraldys, le meuble inconnu est représenté par une ellipse horizontale avec un trait en pointillés blancs, et la couleur inconnue est représentée en gris clair.
ATTENTION: le blason sera considéré informatiquement comme correctement traité et donc complet alors que, par le fait, il ne l'est évidemment pas.
Les meubles identiques en nombre sont disposés conformément aux règles édictées par les traités du blason, qui sont dans leur très grande majorité d'accord sur ce point.
Il peut arriver que l'on souhaite une autre disposition. Il convient alors, à la fin de la description du meuble et de ses attributs, d'indiquer la disposition attendue à l'aide de chiffres arabes séparés de virgules. Par exemple, 6 besants sont disposés, par défaut, 3, 2 et 1. Si l'on souhaite 2 colonnes de 2 besants, il suffit de dire "d'or à six besants d'azur 2, 2 et 2".
Si le nombre total de l'énumération est différent du nombre de motifs, l'ordonnancement est ignoré.
Certaines expressions sont aussi reconnues, telles que:
•"l'un sur l'autre" ou "les uns sur les autres"
•"en fasce", "en pal", "en bande", "en barre", "en croix", "en sautoir", "en orle"
•"mal ordonnés" (3 motifs posés 1 et 2)
Comme en français, « Croisette » signifie petite croix. Ce mot est donc utilisé notamment lorsque les croix sont « en nombre » et donc plus petites. Contrairement à la croix, la croisette est obligatoirement « alésée ».
Par ailleurs, la croix héraldique, a la particularité de s'adapter à l'espace qui lui est alloué. Ainsi une croix en chef sera plus allongée, une croix dans un parti sera plus étirée. Si cela est nécessaire pour répondre aux usages, cela n'est pas toujours très heureux.
Aussi, avons- nous choisi, pour Heraldys, que la croisette n'ait pas cette capacité de s'adapter à l'espace et reste toujours « carrée ». En conséquence, quand vous souhaitez conserver les proportions « normales » de la croix, il vous suffit de remplacer le mot « croix » par « croisette ».
Un motif est, par défaut, positionné au centre de l'écu. Ce centre est parfois spécifié « en abîme », mais cela n'est nécessaire que lorsque l'on veut que le motif soit plus petit. Il est parfois spécifié à tort.
Il faut considérer un écu comme un corps humain vous faisant face. Ainsi, le haut s'appelle « chef », le bas « pointe », le côté gauche, qui est donc le droit de l'écu est appelé « dextre » et le côté droit qui est donc le côté gauche de l'écu est dit « senestre ».
Un quart de l'écu est appelé « quartier » et un neuvième de l'écu « canton ». Ainsi pour indiquer en haut à gauche, on parle du « canton dextre du chef » (ou simplement « canton », qui est par défaut en haut à gauche), et en bas à droite, on parle du « canton senestre de la pointe ». Le « chef » est constitué des 3 cantons du haut, la « pointe », des 3 cantons du bas, le « flanc dextre » des 3 cantons de la gauche, le « flanc senestre » des 3 cantons de la droite.
Il est courant que le nom du titulaire d'un blason serve à blasonner à moindre coût. Ainsi « de France » signifie « d'azur à 3 fleurs de lys d'or » ou « de Clèves » sous-entend « de gueules, à un écusson d'argent, une escarboucle fleurdelisée d'or, brochant sur le tout ».
Cela est particulièrement pratique dans les armes dites de souveraineté, de prétention ou d'alliance. Ainsi, Rietstap attribut à La Trémoïlle les armes suivantes : « Coupé d'un trait, parti de trois autres qui font huit quartiers: au 1, de France; au 2, de Jérusalem; au 3, d'Orléans; au 4, de l'Empire; au 5, de Luxembourg; au 6, de Milan; au 7, de Montmorency-Laval; au 8, de Craon. Sur le tout de la Tremoïlle qui est d'or au chevron de gueules, acc. de trois aigles d'azur becquées et membrées de gueules. »
Pour traiter ces cas, nous avons pré-enregistré un certain nombre de blasons qui sont alors réinterprétés lorsqu'ils sont rencontrés dans un blasonnement. Cette bibliothèque n'est évidemment pas exhaustive, mais s'enrichit de jour en jours.
Comme dans l'exemple ci-dessus, il arrive que le nom du titulaire soit suivi du blasonnement. La structure la plus commune est alors « les armes de xxxx qui est / qui sont ... ». Nous avons alors choisi d'interpréter le blasonnement en lieu et place de l'appel au blason pré-enregistré, celui-ci pouvant être partiellement différent.
Un blason dessiné à partir du nom de son titulaire ne peut être modifié. En revanche, il peut-être complété de meubles brochants. Ainsi peut-on blasonner « de France à un bâton de gueule péri en bande brochant ».